Forêts alternatives ?

La genèse du projet

L’actualité climatique, l’exploitation des ressources, l’effondrement de la biodiversité, la sortie du livre de Peter Wohlleben « La vie secrète des arbres » ou celle du film « Le temps des forêts », ont amené bien des gens à se poser des questions sur l’avenir de notre planète… ou sur l’exploitation des bois autour de chez eux.
C’est ainsi qu’à la sortie d’une projection ayant présenté le GFSFM, groupement forestier d’initiative citoyenne dont le but premier était la sauvegarde des feuillus du Morvan, quelques personnes se sont retrouvées pour questionner la pertinence d’une telle initiative adaptée au contexte jurassien.

Les arbres communiquent, entre autres par leurs racines. Les humains ont d’autres réseaux et nous nous sommes retrouvés de plus en plus nombreux à vouloir des forêts vivantes, diverses et résilientes, à souhaiter offrir à la faune sauvage des havres de paix, à refuser la disparition des artisans du bois et celle des savoir-faire traditionnels au profit d’industries mondialisées.
De réunions en sorties sur le terrain, de rencontres en lectures, l’idée d’un groupement forestier au service de la nature et des hommes a pris forme, modestement sous forme associative dans un premier temps.

 Charte de l’association

La forêt, un bien commun

Introduction et profession de foi

« La forêt est avant tout un organisme vivant, qui entretient son équilibre par une dynamique complexe, mêlant la vie à la mort, la symbiose et la coopération à la prédation et au parasitisme. En permanence exposée à la puissance des éléments (vent, feu, eau, terre) la forêt en bonne santé s’adapte, revient perpétuellement à un état d’équilibre.

La forêt a précédé l’humain et ses cultures Elle a été la source de la fertilité des sols qui le nourrissent. Elle abrite plus d’un million d’espèces vivantes : en chaque lieu une myriade d’individus en interaction, travaille sans relâche pour la beauté et la pérennité de ce milieu. La forêt joue un rôle de régulation irremplaçable dans l’équilibre des écosystèmes, du paysage et du climat. L’homme a besoin d’elle, alors qu’elle n’a pas besoin de lui.

Refuge pour les humains comme pour la flore et la faune sauvages, elle apaise, inspire, reconnecte à l’essentiel. On y perçoit l’emprise du temps et la force de la nature, qui invitent à l’humilité. C’est aussi un espace étranger, un territoire stimulant l’imaginaire. Sa lisière marque la limite entre le sauvage et le civilisé. Elle abrite les rêves autant qu’elle alimente les peurs, et endosse le besoin des hommes de maîtriser le sauvage.

De la préhistoire à nos jours, elle a été le théâtre des relations entre la nature et les besoins humains essentiels, et source de leur satisfaction. Tour à tour vénérée et saccagée, elle a permis les conquêtes navales, protégé les villages des envahisseurs, porté les toitures et chauffé les maisons, alimenté les bêtes et les gens. Elle peut devenir l’appui d’une économie ajustant le mode de vie aux capacités de régénération des ressources naturelles.

La forêt et ses composantes ne sont pas des marchandises.

L’idée de pouvoir dominer la nature est un leurre et l’Homme n’a d’autre choix que de composer avec elle. »

Extrait de : « Agir en forêt » – Réseau des Alternatives Forestières.

Engagements communs aux membres de Forêts Alternatives du JURA

Relation à la forêt

  • Prendre conscience du fait que la forêt est un organisme vivant et habité, qui doit être respecté.
  • Accepter le fait qu’elle ne nous appartienne pas et n’a pas besoin de nous ; mais nous avons besoin d’elle.
  • La considérer comme un espace de vie et non comme un gisement de production. La forêt demeure un bien commun.

Sylvicultures douces

  • Accompagner forêts et plantations vers des forêts mélangées en espèces et en âges et se régénérant naturellement (arbres âgés, semenciers, arbres en devenir, semis naturels, zones sans prélèvement).
  • Maintenir une couverture forestière permanente.
  • Ne pas adapter la sylviculture à la normalisation industrielle (en particulier par des plantations de mono – culture) en refusant les coupes rases comme modèle de gestion.

Le bois éthique

  • Provient d’une forêt gérée durablement et localement.
  • Les travailleurs de la forêt et de la transformation du bois y sont valorisés et équitablement rémunérés.
  • Des choix très étayés et « en conscience », portent sur la gestion, l’exploitation et la transformation du bois en fonction des principes écologiques : méthodes douces d’exploitation, circuits courts, usage final durable).

Dialogue et responsabilité

  • Observer et chercher à comprendre le milieu, avant toute intervention en forêt.
  • Se responsabiliser sur les usages qui sont faits de la forêt (dont loisirs, cueillette et prélèvements, chasse).
  • Sensibiliser le public sur les dégâts causés par certaines pratiques actuelles et sur l’urgence à développer des alternatives.
  • Faire connaître ces alternatives (propriétaires – communes – artisans du bois – structures éducatives et de formation – grand public).

Objectifs généraux retenus, en appui de la Charte de l’association

1) Acquérir des parcelles :

  • ­Ancrage et terrain d’expérimentation de l’association
  • Gestion directe de façon durable, hors spéculation financière, en lien avec les engagements de la charte,

2) Sensibiliser le public sur les dégâts causés par certaines pratiques actuelles et  sur l’urgence à développer des alternatives.

  • Faire connaître ces alternatives (en direction de propriétaires – communes – artisans du bois – structures éducatives et de formation – grand public).
  • Préserver et/ou réhabiliter forêts, milieux naturels, espèces animales ou végétales, sauvages et autochtones.

3) Formation

  • Formation interne – auto formation – favoriser l’apprentissage par des temps de mise en commun de savoir-faire.
  • Sensibiliser et former tout public aux problématiques écologiques et forestières.
  • Développer des formations, débouchant sur des projets et actions (observation et connaissance des écosystèmes, gestion, récolte sélective, utilisation des ressources).

4) Reconnaissance sociale – vie en forêt et circuits courts

  • Reconnaître le rôle et le travail manuel des hommes et des femmes en forêt
  • Contribuer à avancer  vers une viabilité des métiers de la filière  bois.
  • Promouvoir les bonnes pratiques des artisans locaux.

5) Offrir aux naturalistes, scientifiques, structures de formation,  professionnels de la forêt,  un lieu d’étude de la résilience des milieux naturels face aux changements climatiques.

Naturellement vôtre
Forêts Alternatives du Jura